La dernière version du moteur de Concorde réalisée par la Division Bristol de Rolls-Royce et par la SNECMA, l’Olympus 593-3B qui équipera Concorde pour ses premiers vols à Mach 2 en 1970, a été essayé en vol pour la première fois le lundi 3 novembre 1969.
Cette version de l’Olympus est la plus récente à être montée sur l’avion « Vulcan” utilisé comme banc d’essais volant. Le moteur, avec son ensemble d’éjection SNECMA, est installé dans une nacelle simple de Concorde dans la soute à bombe de l’avion.
Après le vol d’essais d’environ deux heures, M. J. Pollitt, adjoint au chef pilote de la division Bristol, a déclaré : « Le vol a été excellent et l’ensemble propulsif s’est parfaitement comporté pendant l’essai”.
Le ”Vulcan » a joué un rôle important pour le développement de l’Olympus 593 et plus de 200 heures d’essais en vol ont été effectuées sur ce banc volant. En outre, environ 8000 heures d’essais au sol ont été accumulées à ce jour dans quatre centres d’essais en Angleterre et en France.
Des pilotes commerciaux aux commandes du Concorde 001
Concorde 001, après une semaine d’interruption de ses essais en vol, devait effectuer au milieu de cette semaine sa 57ème sortie ; l’appareil, rappelons-le, totalisait à l’issue de son 56ème vol (27 octobre) plus de 96 heures de vol ”cale à cale », soit un grand total, en y ajoutant celles du prototype 002, de 138 heures.
Il se confirme d’autre part que quatre pilotes, désignés par les compagnies Air France, BOAC, Pan American et TWA, se rendront à Toulouse ce mois-ci pour effectuer une première évaluation des qualités de vol de l’appareil. Ils seront accompagnés de quatre mécaniciens navigants appartenant aux mêmes compagnies. Ces dernières ont été désignées sur proposition du Comité des Lignes Aériennes chargé de coordonner la préparation de l’exploitation supersonique, pour représenter les 18 compagnies ayant à ce jour pris des options sur Concorde.
Les premiers pilotes devaient arriver à Toulouse les 6 et 7 novembre. Après une familiarisation sur le simulateur de vol, les quatre équipages effectueront des vols aux commandes du Concorde 001, à partir du 8 novembre.
Un ordre de courtoisie a été adopté : voleront dans l’ordre les pilotes de la Pan Am, de la BOAC, de TWA et d’Air France ; pour la compagnie nationale, le pilote désigné est le commandant de bord Bernard, le mécanicien navigant étant M. Detienne.
Cette opération constitue une étape importante en vue de préparer la mise en oeuvre de Concorde par les compagnies aériennes. Elle souligne la confiance qu’autorisent déjà les excellents résultats des essais en vol de l’appareil.
Concorde 002 volera aussi en supersonique au-dessus des terres
Quant à Concorde 002, actuellement basé à Fairford, dans le Gloucestershire, il reprendra ses essais vers la fin de l’année. Les responsables britanniques de l’appareil ont noté avec intérêt le fait que le bang sonique émis par Concorde 001 lorsqu’il survolait à Mach 1,25 et 11.000 mètres d’altitude la région toulousaine est arrivé extrêmement atténué au sol : selon un porte-parole de la BAC, un bang sonique émis dans ce cas de vol devrait avoir une intensité égale à 80% de celle qu’aura le bang provenant de Concorde volant à Mach 2 à son altitude de croisière (16 à 18.000 mètres). Aussi les autorités britanniques envisagent-elles maintenant de commencer les premiers vols supersoniques de Concorde 002 au-dessus de la mer. Les routes qui seront suivies sont à l’étude.
Les spécialistes simulent déjà les ondes de choc
A Efford, dans le Hampshire, des techniciens officiels procèdent à des essais sur l’action que pourraient avoir les ondes de choc émises par Concorde sur des constructions. Des explosions sont utilisées pour simuler les surpressions induites par la nappe d’ondes lorsqu’elle parvient au sol, en particulier sur les verrières. On voit ici les spécialistes vérifier les appareils d’enregistrement ultra-sensibles placé à l’intérieur d’une grande verrière, à l’occasion d’une série d’expériences qui se sont déroulées le 21 octobre.
Des servos-valves Sopelem pour optimiser le freinage de Concorde
Le système de freinage de Concorde a été mis au point par SNECMA/Hispano-Suiza sous le nom de SPAD. Ce système assure un freinage optimum de l’avion de transport supersonique franco-britannique, quelles que soient les conditions de surface de la piste. Il comporte une valve électro-hydraulique permettant de contrôler progressivement la pression admise dans les vérins de commande de freins. Cette valve doit avoir un temps de réponse très court. Après de nombreux essais, Hispano-Suiza a sélectionné une servo-valve Sopelem pour équiper le circuit de freinage des prototypes de Concorde. La mise au point de cette valve a nécessité de nombreux essais en laboratoire au CEAT et chez Hispano-Suiza et Sud Aviation. La Sopelem a mis au point un banc spécial pour le contrôle des servo-valves.