Article de Bastien Otelli
Bastien Otelli est suffisamment âgé pour avoir vu évoluer Concorde. Deux fois même. La première, il avait 11 ans. Il ne faut pas chercher ailleurs sa dévotion pour le supersonique. A l’occasion du cinquantième anniversaire du 1er vol de Concorde, le 2 mars 1969, les journalistes d’Aerobuzz.fr se souviennent
Concorde et moi, c’est une histoire de compréhension, de maturité.
La première fois que j’en ai vu un, je n’avais pas plus de 7 ans, et il était exposé sur le tarmac du Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget. À l’époque, plus fasciné par les avions de chasse que par les avions de ligne, je me désintéressais quelque peu de ce drôle d’engin effilé au nez tordu, haut perché sur son train d’atterrissage.
Lors de la visite à bord, j’avais été très déçu par l’étroitesse du couloir central, de celle de ses sièges, et par la taille (ridicule) de ses tout petits hublots. Pour le mioche un peu trop gâté que j’étais, et qui avait plusieurs fois voyagé en Caravelle – qui, en comparaison, était équipée de véritables œils-de-bœuf – je me demandais quel plaisir pouvait bien prendre un passager à bord de Concorde, puisqu’il semblait impossible de pouvoir profiter du paysage.
Plus tard, vers 11 ans, alors que j’étais en région parisienne, j’entendis le tonnerre gronder et la terre trembla jusque dans mes tripes. En levant la tête, je vis alors Concorde plein pot, au décollage. Choc et prise de conscience passionnée. Films, livres, coupures de presse, archives, je me plongeais alors dans toutes sortes de documentations et, au fur et à mesure, je découvrais à quel point le Sunchaser était une pure merveille.
Mais, mon plus grand souvenir de cet appareil est incontestablement lié à un déchirement. C’était le 27 juin 2003, lorsque le Concorde F-BVFC se présenta en finale de la piste de Toulouse-Blagnac. Ce jour-là, le public eut « la chance » d’assister à une remise de gaz, la rumeur prétendant que la tour aurait informé l’équipage qu’une petite souris galopait au milieu de la 14-32.
Ce fut le dernier tour de piste d’un Concorde français. J’y étais. F-BVFC y est toujours…