Air & Cosmos – 16 Septembre 1967 : Fin des essais de vibration de Concorde

Ainsi que nous l’avions déjà annoncé dans notre dernier numéro, les essais de vibration du prototype 001 de Concorde viennent de s’achever à Toulouse-Blagnac, dans les ateliers de Sud Aviation. Les essais ont duré exactement 32 jours : du 10 août au 10 septembre, période choisie évidemment pour limiter au maximum, par rapport aux ateliers de production, les conséquences de l’immobilisation de l’appareil sur le déroulement du programme.

600 capteurs

Reposant élastiquement par l’ensemble de son train d’atterrissage sur les plates-formes souples, le prototype de Concorde a été soumis à des excitations sinusoïdales. Les « réponses” de la cellule étaient enregistrées au 1/100ème à l’aide de 600 capteurs de déplacement ; on a pu ainsi déterminer, avec la plus grande précision, les fréquences et les formes de résonance. La mesure, sur l’appareil lui-même, des caractéristiques de vibration doivent permettre de confirmer son bon comportement dynamique dans toute l’étendue de son domaine de vol.
Selon le communiqué des constructeurs, les estimations déjà effectuées pour les principaux cas de vol, sans attendre le dépouillement complet des milliers de mesures enregistrées, ont permis de vérifier une bonne concordance des caractéristiques avec les prévisions des calculs. Les points les plus critiques sont ceux des parties minces de la cellule : dérive, volets, extrémités de la voilure, sans oublier les nacelles motrices qui sont soumises à une ambiance acoustique violente.

Concorde 001, photographié le 9 septembre à Toulouse-Blagnac

Dans les délais

Après exécution de ces essais, qui se sont déroulés dans les délais du programme général, et dont les résultats s’appliquent également au prototype 002 en achèvement à Filton dans les ateliers de la BAC, le prototype 001 reçoit maintenant ses derniers équipements et aménagements nécessaires pour terminer les essais au sol et entreprendre les essais en vol.
On sait que ces derniers doivent commencer vers la fin de février 1968. En fait, si l’appareil suit actuellement le programme prévu, il semble cependant qu’il ne dispose plus des marges de sécurité dont il bénéficiait encore il y a quelques mois. Cette situation, très normale pour un appareil aussi complexe et nouveau que Concorde, ne présente aucun caractère inquiétant ; on s’attend cependant à ce que les constructeurs publient en octobre ou début novembre, c’est-à-dire au moment du roll-out de l’appareil, des informations plus précises sur la date probable du premier vol ; pour le moment, rien n’autorise à supposer que ce premier puisse être retardé (hormis évidemment de mauvaises circonstances atmosphérique).

Par contre, le prototype 002 est toujours, sur le plan structural, en avance de deux à trois mois ; cette avance est explicable car l’appareil assemblé en Grande-Bretagne bénéficie évidemment de l’expérience acquise tout au cours de la préparation du prototype 001. Mais, tout comme ce dernier, il devra éventuellement subir les modifications auxquelles conduiraient les résultats des essais de vibrations, si les ingénieurs jugent préférable de modifier des éléments de l’avion. Là encore, on devrait être fixé dans quelques semaines, lorsque sera terminé le dépouillement des essais de vibrations.