Article de Jacques MORISSET
Tandis que se poursuivent dans de nombreux laboratoires les essais aérodynamiques et structuraux, ou la mise au point des systèmes divers de Concorde, la fabrication des deux prototypes se poursuit à Toulouse (appareil numéro 001) et à Filton (appareil numéro 002), avec l’aide des divers établissements de Sud Aviation et de la British Aircraft Corporation.
L’Olympus 593
Les premiers essais au banc, il y a quatre semaines, de l’Olympus 593-B, le réacteur de Concorde coïncidait avec le troisième anniversaire de la coopération franco-britannique signé en novembre 1962. Pour Bristol Siddeley comme pour la SNECMA, ces trois années ont été marquées par une activité considérable.
Ci-dessous, le premier Olympus 593-B photographié au Centre d’Essais de Bristol Siddeley à Patchway. Ce moteur a tourné la première fois le 16 novembre dernier, et va prochainement reprendre ses essais.
Dès le début, il était prévu de réaliser un moteur dérivé de l’Olympus 320, lui-même destiné au TSR-2 ; les différences essentielles, résidaient dans une augmentation substantielle de poussée sans réchauffe (elle passait de 9 à 13,3 tonnes) et dans la diminution des taux de fatigue de manière à accroître la durée de marche entre révisions (T.B.O). Le débit d’air accru de 20% et le rapport de pression maintenu, résultat obtenu par la suppression d’un étage d’aubes à l’arrière du compresseur HP, et l’adjonction d’un étage d’aubes en amont du compresseur BP.
L’évolution du nombre de ”Mach » de la pression dynamique (en supposant une récupération de 100%) et de la température d’entrée (en degrés « Kelvin” ou température absolue) au cours d’un vol type.
Un an plus tard, Concorde subissait une augmentation de poids importante, afin d’obtenir un rayon d’action plus grand : d’où une poussée accrue de 12%. Prudemment, les ingénieurs de Bristol Siddeley décidèrent de passer immédiatement à l’étude d’un réacteur doté de compresseurs et de turbines plus importantes. En janvier 1964, étaient ainsi déterminées les caractéristiques essentielles de l’Olympus 593-B (”B » pour « Big”). Six jeux de pièces étaient déjà en fabrication sur le premier dessin, il fut donc décidé de réaliser effectivement deux réacteurs de ce type, baptisé alors 593-D (D pour Développement) ; simultanément, l’approvisionnement était lancé pour quinze 593-B destinés au banc, et deux réacteurs destinés aux essais en vol.
Le premier Olympus 593-D tourna en juillet 1964, le second en septembre, et ils totalisent maintenant 170 heures de marche .Ces essais sont extrêmement utiles, par exemple dans le domaine des chambres de combustion, du premier étage de turbine (aubes refroidies par air), de la tuyère, de la postcombustion, etc. Le 593-B prend maintenant le relai, cinq réacteurs de ce type tourneront avant la mi-66, tandis que le 593-D sera surtout utilisé pour des essais destructifs.
Quelques chiffres maintenant : le 593-B a un débit d’air de 180 kg/sec, et sa poussée atteint 14,9 tonnes sans réchauffe, et 16,9 tonnes avec. Ce moteur ”Stage 0 » conduira ensuite au « Stage 1” (15 tonnes sans réchauffe). En fait, le moteur ”Stage 0 » est un moteur détaré par rapport au « Stage 1”, qui tournera un peu plus vite, et avec une température d’entrée turbine un peu plus élevée.
La SNECMA, se son côté, annonce déjà 1000 heures d’essais au banc sur le canal de réchauffe, et a annoncé les essais de silencieux. Celui-ci n’entraînera pas au décollage, une perte de poussée supérieure à 1,5%.
Autre aspect important des études et d’essais en cours : le système d’entrée d’air, avec ses rampes à géométrie variable et fonctionnement automatique ; la position de la rampe contrôle le système des ondes de choc.
Les essais en vol sur ”Vulcan » de l’Olympus 593-B commenceront dans la dernière moitié de 1966. Les essais en régime supersonique seront effectués, au banc, à Patchway et à Saclay ; et, parallèlement, s’amorceront les études qui conduiront à des versions de l’Olympus 593 capables, estime-t-on, dépasser largement les 18 tonnes de poussée.