Premier vol réussi de 4h12 pour le nouveau Beluga XL d’Airbus

Article de Presse publié sur LA DÉPÊCHE le 19  juillet 2018

Il est immense et en même temps attendrissant avec son « museau » souriant et ses yeux rieurs. Le nouveau Beluga d’Airbus a réussi son premier vol d’essai ce jeudi à Toulouse avant sa mise en service en 2019.

L’appareil, qui avait décollé à 10h30 précises, s’est posé à 14h42 sous les applaudissements à l’aéroport de Toulouse-Blagnac après un passage impeccable à 150 mètres de haut pour saluer son public de trois battements d’aile. Le vol, qui a duré 4h12 au total, est passé par le nord des Pyrénées, la région de Montpellier, les Cévennes, la Méditerranée avant de revenir vers Toulouse.

Aux commandes, Christophe Cail, chef pilote d’essai et Bernardo Saez-Benito Hernandez, copilote d’essai et les trois ingénieurs d’essai Laurent Lapierre, Jean-Michel Pin et Philippe Foucault ont d’emblée beaucoup de travail durant les quatre heures de test prévues. Tests dans ses différentes configurations, montée jusqu’au niveau 320, soit environ 10 000 mètres, pour le pousser à sa vitesse maximum opérationnelle. Certes, le Beluga XL a un socle d’A330, une base connue, donc, mais le Beluga XL comme tout Beluga n’est pas un avion comme les autres par la forme même de son fuselage, mais aussi parce qu’il faut étudier aussi le comportement des charges volumineuses qu’il emporte, ailes, voilures, empennages et tronçons d’A320 ou 350.

L’atterrissage du Beluga XL à 14h42./ Photo DDM, Michel Labonne
Décollage du Beluga XL

« Une grande fierté pour les salariés »

Laurent baisse son drapeau. Dans l’axe de la piste s’éloigne le Beluga XL. Premier décollage réussi, premier vol s’élevant sur fond de « tempête de ciel bleu », comme on dit lorsque les conditions météo sont optimales : « C’est fabuleux quand on le voit s’envoler ainsi, il est encore plus beau que l’ancien », confie Laurent, l’un des 10 000 salariés qui sont venus saluer le nouvel avion cargo d’Airbus.

Il est 10h30 précises. Une demi heure auparavant, le n°1 des cinq Beluga ST qui assurent les rotations entre les onze sites d’Airbus a décollé. Et tous les spectateurs peuvent donc mesurer la différence entre l’ancien et le nouveau, le volume que cela représente 30% de capacité d’emport en plus pour 51 tonnes de charge utile et un fuselage de 8,80 m de diamètre pouvant transporter sa charge sur plus de 4000 km, ce qu’offrira dès 2019 le Beluga XL à Airbus, en plus de sa flotte de Beluga « classique », « c’est-à-dire notamment la possibilité de transporter deux ailes d’A350 en même temps », souligne Bertrand George, patron du programme.

« Et il est beaucoup plus beau, plus esthétique que le Beluga ST s’enthousiasme également Laurent. « C’est une grande fierté pour les salariés, pour des gens comme nous, car on se dit que c’est un peu grâce à nous aussi, mais c’est aussi une fierté pour Toulouse, pour la Région, pour l’Europe », confie Pascal, régleur, qui retourne vers son atelier A350 avec son équipe. Près de la piste, Bertrand George détaille le projet, le Beluga ST, lui fait un passage.

Retour plus tôt que prévu du Beluga ST

Le seul petit imprévu dans la fête, ce jeudi matin, puisqu’il a dû revenir se poser avant l’horaire programmé après un problème technique. Le Beluga « ancien modèle », Beluga ST, s’est reposé suite au déclenchement à bord -a priori intempestif- d’une alarme qui s’est arrêtée en suivant, spontanément, mais comme la procédure d’atterrissage était déjà lancée, l’avion a juste raccourci la procédure, selon Airbus.

Cela n’a pas empêché l’avion de recevoir un accueil à la hauteur de sa taille : énorme. Après 4h12 de vol et ses premiers essais dans le ciel d’Occitanie le Beluga XL est venu se garer devant son public et à côté du « futur ancien » cargo, du N°1 des cinq Beluga ST assurant actuellement les rotations entre les 11 sites d’Airbus en Europe et jusqu’en Turquie (pour le programme A400). Drapeaux aux hublots du cockpit, puis ouverture de l’immense soute pour un premier salut de l’équipage aux centaines de salariés réunis, avec lancer de mascotte -Rocky le Coq en l’occurrence- puis retour sur le sol pour l’accueil par Guillaume Faury, patron d’Airbus Commercial Aircraft, Didier Evrard, directeur des programmes d’Airbus C.A. et Bertrand George, directeur du programme Beluga XL…

« Nous avons vu une chose que vous n’avez pas vue, nous l’avons vu voler, et le sourire dans le ciel de cet époustouflant animal, une baleine volante », a commencé Guillaume Faury, la livrée et l’avant de l’avion reproduisant effectivement la tête de la fameuse baleine blanche, et en félicitant l’équipage et les équipes, pour ce deuxième moment extraordinaire d’une « fantastique semaine », après la victoire en coupe du monde et donc ce premier vol réussi. « Seul Airbus sait produire ce genre de miracle dans le ciel » », s’est félicité Didier Evrard. Un premier vol que Bertrand George a aussi salué,  » Ce matin, nous avions un souriant et joli camion tracté vers la piste, maintenant nous avons un avion ! »

Des dimensions hors-norme

Comme son nom l’indique, le Beluga XL est plus grand que le Beluga ST que les habitants de la région toulousaine ont l’habitude de voir voler dans le ciel. Dès 2019, année de sa mise en service, cet avion cargo permettra à Airbus de transporter de plus grandes pièces d’avion, comme un jeu de voilure complet d’A350, entre ses usines européennes. L’avionneur européen a lancé la production de cinq appareils.

Pour faire entrer tous ces éléments à bord, les ingénieurs d’Airbus ont prévu une porte cargo frontale aux dimensions gigantesques : d’une surface de 140 m2 elle pèse 3,1 tonnes à elle seule ! Les autres dimensions de l’avion sont de 63,1 mètres de long, une envergure de 60,3 mètres pour une hauteur de 18,9 mètres. Sa masse maximale au décollage a également été augmentée pour passer de 155 tonnes à 227 tonnes. Même son rayon d’action a été élargi puisque le Beluga XL pourra transporter son précieux chargement sur une distance de plus de 4000 km contre 2779 km pour son frère aîné.

Le look de ce cétacé plus vrai que nature avait été choisi au cours d’un vote interne des salariés d’Airbus.