Dans moins de deux ans, le prototype 001 du transport commercial supersonique franco-anglais Concorde sera achevé, son montage final aura été réalisé dans les usines Sud-Aviation à Toulouse et l’appareil sera prêt pour le premier vol – dont la date a été fixée au 28 février 1968. Six mois plus tard environ, le prototype 002, assemblé dans les usines de la British Aircraft Corporation à Filton, sera à son tour essayé pour la première fois en vol. Le programme des travaux, surveillé de près, se poursuit dans l’ensemble à la cadence prévue et si nos lecteurs comparent les photographies qui illustrent ces pages à celles que nous avons publiées dans notre dernier article sur le Concorde (cf. Interavia du 1/1966), ils se rendront compte des substantiels progrès réalisés en quelques mois.
… en France
Le prototype du Concorde prend forme.
On voit sur la photo ci-dessous, le tronçon fuselage/voilure n° 16. La construction de ce tronçon en cours de revêtement chez Sud-Aviation à St Martin du Touch, est en avance sur le programme ; en revanche d’autres tronçons, ont souffert d’un léger retard pour des raisons d’outillage. Le premier vol du prototype 001 est prévu pour le 28 février 1968.
Avant que commencent les essais en vol des deux prototypes, des milliers d’essais auront été nécessaires pour vérifier la résistance et la fiabilité de chaque élément. Des essais de structure sur des tronçons à l’échelle 1 ont déjà été entrepris aussi bien à Filton qu’à Toulouse et deux éprouvettes de 10,70 mètres de longueur (dont l’une désignée 2,8b est représentée ci-dessous) vont subir une série d’essais statiques au cours desquels seront simulés les effets thermiques ajoutés aux charges aérodynamiques, d’inertie et de pressurisation. D’autres éprouvettes sont actuellement en cours de construction, notamment une section arrière de fuselage (assemblée à Preston), une section centrale avec parties intérieures et extrême de la voilure (assemblée à Toulouse), une partie avant du fuselage (Filton) et une pointe avant (Weybridge).
Des essais se poursuivent actuellement dans une douzaine de soufflerie en France et en Grande-Bretagne ; ils portent sur le contrôle des paramètres de base, les caractéristiques de stabilité, les charges dynamiques, les niveaux de pression de la voilure et du fuselage ; des maquettes à l’échelle 1/18 seront utilisées pour le domaine des basses vitesses, des maquettes à l’échelle 1/30 ou 1/60 pour le domaine des hautes vitesses.
L’éprouvette 2,8b comprenant les tronçons : 15, 16, 17 et 18 et correspondant à la partie hachurée sur la vue en plan représentée ci-dessus, à sa sortie des usines de Sud Aviation à Toulouse-Blagnac. Ce tronçon d’essais, pesant près de 16 tonnes, mesure 10,70 mètres de longueur, 3,40 mètres de hauteur et 13,50 mètres d’envergure ; il contient trois tonnes d’équipements de mesure et six tonnes d’outillage, le poids étant celui de la structure. Il a été transféré à l’EAT (Etablissement Aéronautique de Toulouse) pour y subir un programme d’essais sur une période de deux ans. Les installations de l’EAT comportent des dispositifs automatiques de chauffage et de refroidissement programmés permettant de simuler les effets thermiques du vol à vitesses supersoniques s’ajoutant à l’action des charges aérodynamiques, des charges d’inertie et de la pressurisation.
Tronçon 14 du prototype 001, comprenant les longerons de voilure 46 à 50, sur le bâti d’assemblage général dans les usines Sud Aviation de Marignane. Ce tronçon doit être terminé et mis en place sur le bâti de montage de Toulouse dans le courant de ce mois ; sa position peut être repérée sur le plan de détail ci-dessus.
Tronçons centraux 16 et 18, construits à St Martin ainsi que le tronçon central arrière 20 en provenance de St Nazaire ont été mis en place en mars. La construction des prototypes 001 chez Sud Aviation à Toulouse et 002 chez British Aircraft Corporation à Filton fait l’objet d’un planning détaillé et se déroule suivant les délais fixés
Sud Aviation procède actuellement à la fabrication simultanée des éprouvettes destinées aux essais et des éléments des avions prototypes et de présérie, les premières étant pratiquement identiques aux secondes. En outre, dans un bâtiment d’essais spécialement construit à Blagnac, seront effectués les essais des commandes de vol, des circuits hydrauliques, des échangeurs de chaleur, des réservoirs, du train d’atterrissage, etc. Les essais d’ensemble permettront de vérifier le bon fonctionnement des systèmes entiers ainsi que leurs caractéristiques générales et leur endurance. Le banc d’essais permettra également d’étudier les commandes des entrées d’air, du nez basculant et de la visière rétractable. Un simulateur de vol très perfectionné est en cours d’installation ; dans un premier stade, il permettra de vérifier les équations de vol ; dans un deuxième stade (au début de l’été prochain) il permettra de piloter l’appareil et il sera relié à cet effet au banc d’essais décrit plus haut.
. . . et en Grande-Bretagne
Dans les usines de la British Aircraft Corporation à Filton, Weybridge et Preston, les travaux de construction de certains éléments des prototypes 001 et 002, des cellules destinées aux essais statiques et aux essais de fatigue, et des avions de présérie vont également bon train. La cellule destinée aux essais statiques sera transférée à l’Etablissement Aéronautique de Toulouse ; celle qui est destinée aux essais de fatigue sera livrée au R.A.E de Farnborough où un nouvel hangar d’assemblage est en cours d’achèvement. C’est à Filton que se trouve le banc d’essais dont l’état est le plus avancé ; il servira à l’étude de l’alimentation électrique du Concorde (production et distribution). La structure de ce banc qui comprend une maquette du poste de pilotage et de la baie des équipements électroniques est aujourd’hui pratiquement terminée et certains essais préliminaires avaient même été déjà effectués à la fin de 1965. Toujours à Filton sera installé le banc d’essai du système complet de l’alimentation en carburant qui permettra d’étudier le fonctionnement du circuit dans des conditions aussi voisines que possible de la réalité.
Assemblage des panneaux inférieurs de la pointe avant du fuselage (10) des deux prototypes du Concorde dans les usines de la BAC à Weybridge chargées de la construction de la pointe avant du fuselage comprenant le poste de pilotage. Weybridge construit également la dérive (26) et le gouvernail (27) ; ces deux éléments destinés au premier prototype seront livrés à Toulouse à la fin de l’année.
Panneaux usinés de dérive et, à l’arrière plan, bâti de montage de la dérive dans les usines de la BAC à Weybridge.
Les fuselages arrière (24) sont en cours de construction chez BAC Preston.
Le premier sera transporté à Toulouse par camion et bateau dans le courant du mois d’août de cette année.
Assemblage des panneaux de fuselage avant (11) chez BAC Filton. Ces éléments sont destinés aux deux prototypes ; le premier, construit à Toulouse, volera en février 1968 et le second, construit à Filton, effectuera son premier vol au mois de septembre de la même année. En plus des deux prototypes, deux avions de présérie sont en cours de construction ; ces deux appareils, qui doivent voler en 1969, participeront avec les deux prototypes aux essais en vol et au programme de reconnaissance de ligne. Le certificat de type devrait être délivré début de 1971.