Le Tupolev-144 a volé en régime supersonique la semaine dernière : en annonçant samedi cette nouvelle, l’agence Tass n’a donné cependant aucune information complémentaire sur la vitesse et l’altitude atteintes. Ce vol se serait déroulé le 5 juin.

Cette performance a quelque peu surpris les milieux occidentaux. Lors de la dernière présentation de l’appareil, à Chérémétiovo, près de Moscou, le 21 mai, on estimait en effet que l’appareil présenté comptait tout au plus une dizaine d’heures de vol. Toutefois, on ignore en fait si un ou plusieurs prototypes (cinq devaient être construits) sont déjà utilisés, et si l’appareil présenté en public – toujours le même (n° 68001) – est celui qui est utilisé pour les essais supersoniques.
Jusqu’ici, il semble que la cadence des vols soit assez lente, car les Soviétiques exploitent d’abord les résultats de chaque vol avant de passer au suivant. De plus l’équipement d’enregistrement électronique utilisé semblent assez modeste, comparé aux 12 tonnes de matériel placées à bord de Concorde : selon certains observateurs, cet équipement serait constitué de deux armoires d’enregistrement changées après chaque vol, en fonction des besoins. On ignore également si une télémesure est utilisée (rappelons qu’en France tous les prototypes utilisent désormais un contrôle par télémesure extrêmement perfectionné et efficace).
En fait, le Tu-144 reste pour les techniciens français relativement mal connu, puisque les Soviétiques n’ont pas accepté que des spécialistes occidentaux montent à bord de leur avion et visitent, en particulier, le poste de pilotage ; inversement on a remarqué au Bourget l’obstination (infructueuse) montrée par les Soviétiques pour visiter Concorde. Ce jeu de cache-cache devant quand même prendre fin un jour, il n’est pas interdit de supposer qu’un examen réciproque soit du domaine du possible.
Une chose est certaine en tout cas : malgré des déclarations étonnantes, les Soviétiques ne se départiront pas, bien au contraire, de leur prudence habituelle et ne mettront donc sûrement pas le Tu-144 en service régulier dans deux ans. A cette époque, il s’agira simplement, peut-être, de vols expérimentaux sur le réseau de l’Aéroflot, ce qui est quand même très différent. Quant à Concorde, rappelons que l’appareil pourra commencer en septembre, c’est-à-dire lorsqu’il aura été doté des moteurs nécessaires, ses vols supersoniques.