Paris-New York en 1h30: la startup Destinus veut lancer un avion hypersonique à hydrogène
Réaliser un vol Paris-New York aussi rapidement qu’un Paris-Venise. C’est la promesse de Destinus. Présente au salon aéronautique du Bourget, cette startup suisse qui dispose d’une base à Rochefort (Charente-Maritime) veut lancer un avion hypersonique propulsé à l’hydrogène.
« Nous exploitons les capacités de l’hydrogène, trois fois plus énergétique que le kérosène, pour aller le plus vite possible de manière à proposer un avion qui soit capable de faire Paris-New York en 90 minutes », confie à BFM Business Jean-Philippe Girault, directeur général de Destinus France.
Voler trois fois plus vite que le Concorde
Un avion hypersonique est en effet encore plus rapide qu’un avion supersonique et suscite donc l’intérêt d’une partie du monde aéronautique, près de 20 ans après la fin de la carrière commerciale du Concorde. L’ambition de Destinus est de propulser son avion à Mach 5 (6000km/h), soit une vitesse trois fois plus élevée que le supersonique Concorde qui ne volait « qu’à » Mach2 (un peu plus de 2000km/h).
« C’est à la fois la décarbonation et utiliser ses caractéristiques [de l’hydrogène, ndlr] pour proposer un trajet le plus court possible », résume Jean-Philippe Girault.
L’un des premiers enjeux pour Destinus est de développer la technologie pour faire volet cet avion. Si cet avion utilisera des matériaux conventionnels, la startup doit réussir à leur faire supporter les fortes chaleurs qu’implique un vol à 6000km/h.
« La difficulté c’est l’échauffement de certaines parties de l’avion, en particulier les entrées d’air et les bords d’attaque, nous explique Jean-Philippe Girault. Ces parties sont traitées par le refroidissement d’hydrogène, ce qui évite d’avoir à utiliser des matériaux exotiques ».
Innovations technologiques, réglementaires
Deux prototypes sous forme de maquette de 4 et 10 mètres de long sont en phase de test depuis l’année dernière, rappelle L’Usine Nouvelle, sans atteindre encore Mach5. La forme des deux aéronefs se montre très affutée.
« Nous utilisons ces démonstrateurs subsoniques sur lesquels on démontre un certain nombre de leviers technologiques: l’utilisation de l’hydrogène pour la post-combustion, l’utilisation du guidage pour l’autonomie du véhicule… Ce n’est pas vraiment un drone mais un avion autonome piloté au niveau des décollage et aterrisage et ensuite il est autonome », nous explique Jean-Philippe Girault.
Ce dernier envisage une mise en service au tournant de la décennie, en 2031 ou 2032. Car à côté de la technique, se posent aussi de nombreuses questions réglementaires. « Les réglementations et la certification n’existent pas, nous explique Jean-Philippe Girault. Nous travaillons avec l’EASA et Eurocontrol pour élaborer avec eux ce qui est nécessaire au niveau réglementaire. »
Pour les vols commerciaux, Destinus envisage deux gammes d’aéronefs. Un avion avec peu de places pour une clientèle aisée avec des billets aller-retour qui pourraient atteindre le prix d’une classe business. Et dans un second temps, un autre appareil plus démocratique pourrait embarquer jusqu’à 350 passagers.
La plateforme peut aussi permettre de faire du fret l’un des axes de développement déjà envisagé par Jean-Philippe Girault. Voire même du militaire si les besoins se font sentir, explique-t-il.
Du côté des financements, Destinus a déjà levé près de 40 millions d’euros, précise L’Usine Nouvelle. 10 millions d’euros ont aussi été alloués par l’Europe. La startup ne donne pas plus de détails sur le budget global de cette toute nouvelle technologie. Ni d’ailleurs sur un éventuel lieu de production.
Source BFM /