Le jour ou Concorde a cassé un moteur

Les pilotes ne sont pas toujours bavards sur les aventures qu’ils connaissent aux commandes de leur avion. Germain Chambost, un pilote de chasse devenu grand reporter et Jean-Pierre Mithois, journaliste aéronautique les ont mis en confiance pour recueillir quelques histoires extraordinaires et parfaitement authentiques, qu’ils relatent avec talent et compétence dans un livre (Pilotes : histoires authentiques). On retiendra par exemple, l’émoi de Gilbert Defer, le pilote d’essai toulousain lors du seul incident grave survenu à bord du prototype Concorde en janvier 1971.

Il était aux commandes, au départ de Toulouse, pour une mesure de performances après modification des nacelles de réacteur, lorsque l’avion à Mach 2 s’était mis à vibrer de façon anormale :

J’étais secoué à la manière d’un petit pois dans un sifflet, et toutes les alarmes s’étaient déclenchées à la fois, se souvient Gilbert Defer.
Il coupe alors le moteur n° 4 et tout semble rentrer peu à peu dans l’ordre. Au point que l’équipage décide de ne pas se détourner et de rentrer tout doucement à Toulouse

Mais une fois au sol, pilotes et ingénieurs ont pu mesurer l’ampleur des dégâts et éprouver quelques frayeurs rétrospectives :
La rampe du moteur (une pièce de 1,50 mètre) avait disparu, la partie inférieure de l’entrée d’air était fendue en deux sur soixante dix centimètres et le moteur lui-même était vide de tout aubage.

Comme plumé de l’intérieur, explique le pilote toulousain.

Le réacteur avait tout simplement explosé !