Le Journal de l’Aviation : 50 ans après son premier vol, Concorde fascine toujours autant

Article de Romain GUILLOT

C’était il y a cinquante ans. Après un petit report de quelques jours, le Concorde 001 décollait pour la première fois le 2 mars 1969 de Toulouse avec à son bord André Turcat, Jacques Guignard, Michel Rétif et Henri Perrier. Le premier vol du ”gros oiseau » allait durablement marquer l’histoire de l’aéronautique française et britannique, mais pas seulement.

Car même si seulement 20 exemplaires furent produits au total, en comptabilisant les quatre prototypes et les deux avions de présérie, Concorde reste assurément l’avion de ligne qui fascine le plus, grâce à ses performances toujours inégalées d’une part, mais aussi tout simplement par ses lignes uniques, et franchement magnifiques, qui seront reconnaissables par plusieurs générations successives aux quatre coins du globe.

Mais Concorde fut aussi le prestigieux vaisseau amiral des flottes d’Air France et de British Airways durant plus de deux décennies, avant la terrible tragédie de Gonesse qui allait précipiter la fin du mythe. Les deux uniques opérateurs de l’avion proposaient un service d’exception à leurs passagers alors qu’ils croisaient à la vitesse d’une balle de fusil à plus de 55 000 pieds. Concorde permettait alors à ces compagnies de se démarquer de toutes les autres.

Évidemment le destin commercial de Concorde fut anéanti par deux chocs pétroliers et par l’essor des avions gros-porteurs. Les efforts réalisés pour obtenir 80 engagements émanant de dix-huit compagnies aériennes, c’est-à-dire pratiquement l’équivalent du tiers des coûts du programme, furent pratiquement réduits à néant en l’espace de deux ans. Étonnamment, seule Iran Air figurera sérieusement comme possible troisième opérateur du supersonique avant de se désister aussi en 1980

Mais ce qu’il faut surtout retenir c’est que Concorde fut l’une des briques fondatrices de la montée en puissance de l’industrie aéronautique civile en France et en Europe. Sans Concorde, il n’aurait certainement pas eu d’Airbus, ni de programme CFM56 entre Safran et GE. Et en pleine guerre froide, le supersonique a assurément montré au monde que l’Europe pouvait s’affirmer vis-à-vis des deux grands blocs.

Concorde, c’était finalement bien plus qu’un avion de transport supersonique.