Article de François Brévot
Le Tupolev Tu-144 a réalisé son premier vol le 31 décembre 1968, deux mois avant le Concorde.
Le Tu-144 a laissé des souvenirs mitigés au français, à la suite de sa désintégration en vol, au Bourget 1973. Il a été raillé à tort, ou à raison, en Occident, qualifié de copie outrancière du Concorde. Mais le Tu-144 demeure pour l’Histoire, l’un des exploits techniques des années soixante.
Le Tu-144 était le produit à la fois, du Tsagi – cet institut de recherches en aérodynamique de génie – d’Andrei Tupolev qui survécut aux geôles de Staline, et de Kuznezov, ce motoriste audacieux qui élabora pour le Tu-144, le NK-144. Quatre NK-144 donnaient jusqu’à 175 tonnes. de poussée à ce titan. Le Tu-144 mesurait 59,4 mètres de long, 27,65 mètres d’envergure, et 10,5 mètres de haut.
Dans la course opposant le Tu-144 au Concorde, c’est finalement le prototype 68001, qui le 31 décembre 1968, réalisa le 1er vol d’un avion de ligne supersonique dans le monde, tandis que le Concorde ne devait voler que le 2 mars 1969. A l’occasion de ce 1er vol (non supersonique), de 37 minutes, l’équipage d’essais était composé d’Elian, de Kozlov, et de l’ingénieur Benderov.
Fait méconnu, Eduard Elian (1926 – 2009), le chef pilote, était de citoyenneté azérie, à l’image d’une URSS qui chercha éternellement à promouvoir la diversité de ses républiques dans l’excellence technique. Le 8 janvier 1969, c’est ce même équipage qui emmènera le Tu-144 à 11.000 mètres, à l’occasion d’un second vol de 50 minutes. Puis lors des essais qui suivront, une vitesse de 2.420 km/h (Mach 2.35) sera franchie à 17.000 mètres.