Article de Frédéric MARSALY
Sous le regard ému de la foule du salon du Bourget 2003, Air France a livré un Concorde au Musée de l’Air et de l’Espace. Un dernier acte sans panache qu’a vécu Frédéric Marsaly. A l’occasion du cinquantième anniversaire du 1er vol de Concorde, le 2 mars 1969, les journalistes d’Aerobuzz.fr se souviennent
14 juin 2003, je suis au milieu d’une allée du Salon du Bourget, mon vieux Minolta entre les mains. Tout le monde l’attend, les yeux rivés vers l’ouest. Un murmure, comme une vague, traverse la foule. Il arrive. Au loin, à l’ouest, un point noir… Puis blanc.
Le Concorde arrive, survole la foule, vire largement à droite, s’aligne sur la 03 et se pose. C’est tout. Et c’est fini. Pas de remise de gaz, histoire de bien ancrer dans le souvenir de tout le monde qu’il fut, avec le Tupolev, le seul liner à disposer d’une postcombustion. Juste un circuit d’approche puis le silence.
Quelque jours plus tôt, le 31 mai, alors que la SNCF s’apprêtait à faire rouler un train sur les Champs Elysées. Du 17 mai au 15 juin 2003, la SNCF avait organisé une manifestation Train Capitale où une voie ferrée temporaire avait permis à un train de circuler sur les Champs le 1er juin preuve, que quand on veut, on peut aussi organiser des évènements ambitieux et agréablement surprenants ! au retour de son dernier New York commercial, l’oiseau blanc avait fait une timide apparition au-dessus du haut des Champs avant de vite virer en direction de Roissy.
Haaa qu’il était loin le temps où quelques semaines à peine après son premier vol, le prototype avait survolé la capitale en se rendant au Bourget, causant un embouteillage monstrueux dans toute la ville.
Enterrement de seconde classe pour une star mondiale. Heureusement qu’elle était binationale et que son autre patrie a su mettre plus de lustre dans le dernier salut à cet avion qui fut moins un échec commercial qu’une réussite technologique – et esthétique – incontestable
Et je suis là, témoin immobile d’un dernier vol, conscient de vivre un moment pas forcément glorieux mais historique, avec la frustration énorme d’avoir trop peu côtoyé Concorde comme si j’avais habité longtemps à côté d’une grande star mais sans jamais m’être intéressé à son art et de la découvrir alors un peu tard.