Article de Claire Seznec
Ancien informaticien, actuel judoka, ce passionné d’aviation a créé l’association Fondett’Ailes. Il se lance d’ailleurs dans une exposition sur son sujet de prédilection : le Concorde, cet avion incroyable des années 70. Et il est intarissable. Sur la table ronde du salon, des classeurs s’empilent ; un livre d’or aux allures d’albums photos trône au-dessus, attendant d’être feuilleté une énième fois. Dans la pièce, rien ne laisse paraître ce qu’il y a à l’intérieur de ces objets. Pourtant, ils renferment toute une histoire, celle de l’aviation. Des premiers planeurs au début des années 1900 jusqu’à nos jours, des cartes postales, des écrits, des photographies et encore des timbres postes en racontent les avancées.
Petit, je voulais être pilote
C’est ainsi que Gérard Souedet a appris le métier d’ajusteur mécanicien de bord, qu’il a exercé au centre d’essai en vol de Brétigny-sur-Orge, dans l’Essonne. C’est là-bas qu’en 1970, il a vu de ses propres yeux le Concorde. « C’était… waow !, se souvient-il, des trémolos dans la voix. Bon, c’était le prototype, il n’y avait que des instruments de mesure à l’intérieur mais c’était incroyable”. De là est née sa fervente admiration pour ce majestueux avion, au bruit d’envol énorme et à la vitesse supersonique.
Le geek judoka
Curieux de tout, semble-t-il, Gérard Souedet a également été piqué par le virus de… l’informatique, au milieu des années 1970. ”J’ai commencé avec les ordinateurs de bureau, ceux qui faisaient la taille d’une pièce à vivre, sourit-il encore. Côté capacité, on parlait à peine d’un giga au début ». Depuis, la technologie a bien évolué et tout nouvel informaticien a suivi ces changements au fil du temps. Il se rappelle des premiers ordinateurs portables, « vers 1996-1998”, et comment ils se sont affinés et allégés ces dernières années ; tout comme il raconte les disques durs externes d’avant, énormes et avec si peu de mémoire à l’intérieur comparé à ce qui est fabriqué aujourd’hui. Mais s’il a commencé tôt à ”geeker » sur les ordis, il s’est mis au judo sur le tard, à l’âge de 48 ans. À l’époque, « c’était pour essayer”, poussé par son fils judoka quand il était enfant. Le code moral de cet art martial et le bonheur de se bouger a finalement pris le dessus et, encore actuellement, Gérard Souedet foule le tatami. Mais la seule passion qui perdure depuis son enfance demeure bel et bien l’aviation. À chaque phrase, il y revient. Chaque histoire lui met en mémoire une autre anecdote, comme cette fois où il a rencontré le tout premier pilote du tout premier Concorde, feu André Turcat.
Il connaît par coeur l’histoire de cet avion, de sa création à sa mise au placard dans les musées, en passant par son apogée et ses ”cousins » éloignés créés en Russie. « Il faisait Paris-New York en à peine 3h30, vous vous rendez compte ?, lance-t-il. Le record est même de 3 h 10”. Évidemment, voyager à bord coûtait un bras (au moins) et consommait beaucoup de carburant (bonjour les dégâts pour la planète). Mais il fait rêver, avec son ”nez pointu qui se baisse pour que les pilotes voient la piste » et son aile, immense, semblant souple comme celle d’un oiseau. Cette année, la France fête d’ailleurs les cinquante ans de son premier vol. Et Gérard Souedet ne compte pas laisser passer cette occasion : avec son association Fondett’Ailes, il organise une grande exposition sur le Concorde, de 1969 à aujourd’hui. Dans la salle Michel Petrucciani, à Fondettes, il prépare une trentaine de panneaux explicatifs, avec des enveloppes au sigle de l’avion. « On doit aussi aller récupérer une super maquette de plus de 3 mètres de long et un siège d’un des premiers Concorde”, se réjouit-il. Il ne reste plus beaucoup de temps, l’événement étant les 9 et 10 mars ; mais d’ici là, Gérard Souedet a tout de même le temps d’imaginer, avec des adhérents de l’association, une prochaine exposition, prévue, elle, pour septembre.
Concorde, cet avion incroyable des années 70. Et il est intarissable.