ECHOS Sud Aviation – Juillet 1966

Le 25 mai 1966, l’éprouvette Concorde ”2.6″ équipée, pesant 9 tonnes environ, et représentant la partie arrière de la voilure et le fuselage correspondant, été acheminée de nuit, de l’usine de Blagnac au Centre d’Essais Aéronautiques de Toulouse. Le convoi exceptionnel, d’une longueur de ”2,6″ mètres, d’une largeur de 6,80 mètres et de 5,30 mètres de hauteur, a traversé la ville de Toulouse sans incident, en 5 heures.

Entièrement assemblée au hall de montage prototypes de Blagnac, cette éprouvette  subira :

– Dans une 1ère phase des essais en pression du fuselage et des réservoirs.

– Dans une 2ème phase des essais  mécaniques en charge, à froid, sur voilure.

– Dans une 3ème phase des essais fatigue thermique, étalés sur cinq années.

La vue éclatée ci-dessous donne fin juin, l’état d’avancement de l’assemblage structural du prototype 001. Cet ensemble, matérialisé en foncé, est monté sur bâti d’assemblage général voilure au poste 42de St Martin. Il présente environ le quart de l’avion et les 2/3 de la surface alaire.

Les opérations de montage se sont réalisées aux dates suivantes :

– 2 avril 1966 : mise en place des tronçons 16 et 18 (Sud-Toulouse).

–  8 avril 1966 : mise en place du tronçon 20 (Sud-St Nazaire).

– 30 avril 1966 : mise en place du tronçon 14 (Sud-Marignane).

Ces diverses opérations  se sont effectuées dans les délais prévus. A la fin de juillet un problème au démoulage de l’ensemble qui sera transporté sur un bâti attenant seront réalisés les travaux d’usinage de la nervure 12.

Le laboratoire de Toulouse vient d’être équipé d’un nouveau simulateur de vol dont la réalisation fut confiée à la « Société Le Matériel Téléphonique”, associée à la ”Société Redifon ».

Ce simulateur qui a été inauguré le 25 juin 1966 par M. Bettencourt, Secrétaire d’Etat aux Transports, doit permettre d’aborder les essais en vol des prototypes Concorde avec le maximum de sécurité et de trouver la définition du poste de pilotage des avions de série dans un délai compatible avec le démarrage de la production. De plus, il doit alléger sensiblement le programme des essais en vol des prototypes.

La réalisation de ce simulateur n’a été possible que grâce à l’utilisation des techniques de pointe dans tous les secteurs intéressés : calculateurs, télévision, optique, asservissements électrohydrauliques.

Il comporte un poste de pilotage entièrement équipé, monté sur une plate-forme mobile à trois degrés de liberté,  et muni d’un système de restitution visuelle, de façon à obtenir une représentation intérieure exacte du cockpit et de ses installations dans des conditions mécaniques, fonctionnelles, climatiques, sonores et visuelles, les plus représentatives de la réalité.

A ce poste de pilotage, il est possible de connecter une représentation fonctionnelle complète des circuits de commande de vol et des équipements associés, fournie par le banc d’essais en cours de réalisation au Laboratoire de Toulouse pour la mise au point technologique de ces systèmes.

Complétant ces deux ensembles, une simulation aussi réaliste que possible du comportement de l’avion en vol est obtenue par un ensemble d’organes de calcul fonctionnant en temps réel, qui détermine la réponse interne et externe de l’avion aux actions de l’équipage et élabore les données nécessaires aux deux autres ensembles.

Ainsi le simulateur de Toulouse va permettre d’approcher au plus près la configuration réelle de l’avion avant le premier vol, et de procéder à des études poussées de ses caractéristiques de stabilité d’amortissement et de réponse. Il permettra ensuite une préparation et un contrôle très réaliste de chaque vol d’essais, et l’exploitation continue des enseignements recueillis, assurant par-là, aux vols d’essais des prototypes le maximum d’efficacité dans une meilleure économie.

La Reine Elisabeth, qui a inauguré, le 6 juin dernier, en compagnie du Prince Philip et du ministre de l’Aviation, M. Fred Mulley, les nouveaux laboratoires de Farnborough, destinés aux essais de matériaux et de structures du Concorde, a déclaré notamment : « Concorde est une entreprise passionnante et constitue un des efforts techniques les plus hardis jamais entrepris dans ce pays”.

La souveraine a d’autre part, souligné l’importance des recherches qui seront effectuées dans des installations, non seulement pour la sécurité de ceux qui se déplaceront avec Concorde, mais aussi de tous ceux qui voleront dans les appareils subsoniques.

Ces nouveaux laboratoires constituent l’équivalent en Grande-Bretagne des laboratoires du Centre d’Essais Aéronautiques de Toulouse.