Aérospatiale – Novembre & Décembre 1970 : Concorde à Mach 2

A l’issue de son 104ème essai, Concorde 001 totalisait 200 heures 10 minutes, de vol, dont 44 heures 52 minutes, à vitesse supersonique. Ce chiffre comprend 2 heures 8 minutes de vol à Mach 2, le premier vol à cette vitesse ayant eu lieu le 4 novembre 1970 à 15 heures 16 minutes 10 secondes. Parallèlement Concorde 002 a maintenu le 12 novembre, pendant 40 minutes, la vitesse de 2120 km/h et a effectué une pointe à 2164 km/h.

Concorde ! Le financement – Les essais – La production

Le financement.

Selon les dernières évaluations, les dépenses communes relatives au programme de développement franco-britannique de Concorde, s’élèvent aux conditions économiques de janvier 1970, à 10,490 millions de francs. La limite supérieure des coûts, tenant compte des aléas, atteint 11,200 millions de francs.

La contribution française qui, outre la moitié des dépenses communes, doit supporter les taxes, et un certain nombre d’études propres hors pool s’élèvera à environ 7000 millions de francs. A la fin de juin 1970, la France avait dépensé 3500 millions de francs pour les autorisations de programme et de 555 millions de francs pour les autorisations de programme et de 555 millions de francs pour les crédits de paiement.

Pour le financement de la série, l’article de la Loi des Finances du 22 décembre 1966 stipule que les garanties de financement nécessaires au lancement du programme de fabrication d’avions ne peuvent être délivrées à l’Aérospatiale et à la SNECMA, qu’après approbation dudit programme en Conseil des Ministres. Cette approbation est subordonnée aux commandes fermes finançables en banques, qui interviendront quand les compagnies clientes seront en mesure de se déterminer, c’est-à-dire quand les performances à Mach 2 seront connues. Dans cette attente et dans le cadre des autorisations données aux constructeurs par le Concorde Management Board, en tant que mandataire du Concorde Directing Committee, l’Aérospatiale et les autres industriels ont été amenés à engager des dépenses pour la fabrication en série. Jusqu’à présent le financement de ces fabrications a été assuré par des prêts du Trésor consentis à l’Aérospatiale et à la SNECMA, conformément à l’article de la Loi qui autorise l’octroi de tels prêts à l’intérieur d’un plafond donné.

Les essais.

Lors de sa mise en service Concorde sera l’avion le plus testé du monde. Achevant la quatrième phase des essais les équipages français et britanniques ont terminé l’étude du comportement de l’appareil dans la partie du domaine de vol qui a été ouvert jusqu’à Mach 2,05 et 16.700 mètres d’altitude. Le comportement est excellent. .Les essais ont comporté des arrêts volontaires et des réallumages de un et de deux réacteurs à vitesse supersonique sans incident. Dans un domaine très nouveau et très complexe les réglages du système de commande automatique des entrées d’air des réacteurs ont été effectués en un nombre réduit de vols. André Turcat a pu réduire brusquement les 7 réacteurs à Mach 1,9. De même les problèmes de résonance de la structure ont été étudiés. Des vols de nuit ont été réalisés. Ainsi les essais ont fourni d’abondants renseignements sur les performances en vol supersonique : consommation de carburant, influence de la traînée, fonctionnement automatique des entrées d’air à géométrie variable, rendement général des ensembles propulsifs, répartitions des températures structurales.

D’autres essais préciseront les caractéristiques à basses vitesses et à grands angles d’attaque. Tous les systèmes d’aide au pilotage et à la navigation seront également testés. Enfin les pilotes des services officiels et ceux des compagnies aériennes seront conviés à expérimenter eux-mêmes en vol les caractéristiques et les performances de Concorde. L’ensemble du programme d’essais s’étendra sur 3850 heures. Ces heures seront effectuées par les deux prototypes, par les deux avions de présérie sur lesquels bon nombre des modifications résultant des essais ont déjà été appliquées ainsi que par les trois premiers avions de la série.
Parallèlement les essais au sol se poursuivent. Pendant 15 mois une cellule entière de l’avion a été soumise à des efforts aérodynamiques et des efforts d’inertie au moyen de vérins hydrauliques agissant sur les différentes parties de cette cellule. Les résultats obtenus sont satisfaisants et recoupent les calculs des bureaux d’études. Une autre épreuve attend maintenant la même cellule. Elle subira une nouvelle simulation des charges mécaniques dans les conditions de températures semblables à celles des vols.

La chaleur sera fournie au moyen des tubes à rayonnements infrarouge disposés en nappe autour de l’appareil. Le revêtement sera ainsi porté à des températures de l’ordre de 230 degrés centigrades en 20 minutes, ce qui correspond aux conditions réelles de vol.
Enfin une deuxième cellule commencera les essais de fatigue prochainement au TAR. Ces essais ont pour but de vérifier la durée de vie en exploitation des Concorde, cette durée de vie pouvant atteindre 45.000 heures.

La production.

L’installation des systèmes est presque terminée sur les avions de présérie 01 et 02. Les pièces à long cycle sont pratiquement toutes lancées jusqu’au sixième avion de série et les trois premiers sont déjà au stade des sous-ensembles. Quant au premier avion de série son jonctionnement est commencé à Toulouse.