Interview réalisée le mercredi 3 octobre 2007 à bord du Fox Charlie

CAC – Nous quittons le poste de pilotage. Nous pénétrons dans la cabine passagers ou nous sommes accueillis par Sandrine Pichot, hôtesse à bord du Bel Oiseau Blanc

Sandrine Pichot, Bonjour !

CAC – Vous êtes hôtesse à bord du Bel Oiseau Blanc. Pouvez-nous nous dire comment était fait le recrutement du personnel PNC, à partir de votre propre expérience ?

Sandrine Pichot :
J’ai commencé ma carrière sur Concorde en 1997, après avoir fait partie du service des vols spéciaux à Air France : « vols présidentiels, ministériels, du Pape, lancements des fusées Ariane » .
Pour avoir l’immense bonheur de faire partie des équipages Concorde, il fallait faire acte de candidature, passer une sélection en 2 parties : sur dossier, puis si notre dossier était retenu nous pouvions présenter l’entretien. Lorsque j’ai passé la sélection, nous étions 500 à postuler et 23 Hôtesses et Stewards furent retenus. La sélection était suivie d’un stage de formation, puis d’une mise en ligne avec un instructeur suivie d’un lâcher.

CAC – Le travail du personnel PNC était particulier et difficile à bord de Concorde, pouvez-vous-nous en parler ?

Sandrine Pichot :
Sur Concorde le maître mot était l’excellence au service du client. Il fallait offrir ce service avec des contraintes de temps et d’espace réduit, le tout évidemment dans une ambiance feutrée. Un vrai défi à chaque étape puisqu’un Paris-New York ne durait que 3h20mn.
L’amour que nous avions pour Concorde nous faisait accepter toutes ces contraintes avec bonheur au service d’une clientèle qui faisait la fierté d’Air France et la nôtre.

CAC.- La répartition des tâches du personnel PNC était un peu particulière sur Concorde. Qu’elle était l’organisation à bord ?

Sandrine Pichot :
Dans la logistique du service, les stewards étaient dédiés au service du galley et un peu en cabine (et ceux qui travaillaient à l’avant, et s’occupaient en plus des pilotes !) Alors que les hôtesses étaient réservées uniquement au service cabine. Le ou la chef de cabine supervisait l’ensemble du vol et du service.

CAC – Avez-vous participé à des vols particuliers ?

Sandrine Pichot :
Oui Tour du Monde et vol du 1er Ministre. Nous pouvions avoir la chance d’être choisi pour faire des tours du monde qui duraient en moyenne trois semaines avec une douzaine d’étapes. J’ai eu le privilège d’en faire deux, donc un prestigieux : le millénium qui correspondait à l’avènement de l’an 2000 ; c’était le tour du monde le plus cher qui ait été vendu.

CAC – Sandrine Pichot, vous souhaitez vous exprimer en quelques lignes, sur la tragédie du 25 juillet 2000.

Sandrine Pichot
Malheureusement, le 25 juillet le crash du Bel Oiseau a été un drame pour nous tous qui avons perdu nos camarades ainsi que pour de nombreuses familles.
Cet accident a été le début de la fin de l’exploitation du Concorde : Après un an d’arrêt, celui-ci a repris ses vols grâce à la volonté pugnace de tous les acteurs qui le mettaient en scène.
Evidemment, j’ai continué mes vols avec lui jusqu’à la fin qui m’a vu, le conduire à sa dernière destination à Toulouse après avoir fait le dernier vol commercial sur CDG-JFK/JFK-CDG le 31 mai 2003.

CAC – Depuis que nous avons commencé cet entretien, j’ai pu observer la manière donc vous parlez de notre Bel Oiseau Blanc, je peux témoigner à quel point vous aimiez cet avion. Je vous laisse conclure.

Sandrine Pichot
J’étais aussi attachée à cet avion, qui a vu une période de l’aéronautique exceptionnelle de part son développement et ses performances, que tous ceux qui ont partagé en commun l’Amour du Bel Oiseau. Je pense en particulier aux dirigeants qui ont permis son financement, aux ingénieurs qui l’ont créé, aux mécaniciens qui l’ont bichonné, aux pilotes qui le faisaient voler, aux femmes de ménage qui le préparaient et à tous ces admirateurs connus ou anonymes qui continuent à le faire vivre par des actions individuelles ou collectives.
Merci Louis !
Merci Sandrine Pichot.

CAC – Je vais terminer en reprenant les propos d’une dame en bord de piste à Roissy, je cite :
Concorde, c’est un amant qui s’en va et qu’on ne reverra plus.

Propos recueillis le 3 octobre 2007, à Toulouse à bord du Fox-Charlie, par Louis & Yann.