Air & Cosmos – 14 Octobre 1967 : Le gouvernement britannique et le programme « Concorde”

Mr John Stonehouse, Secrétaire d’Etat à la Technologie, a répondu à la lettre que Mr. Robert Carr, porte-parole de l’opposition, lui avait adressée au sujet du programme ”Concorde ».
Mr Stonehouse déclare qu’il est clair que les progrès de Concorde n’ont pas été et ne sont pas retardés par une absence de décision. Le financement du programme s’effectue conformément aux prévisions et les autorisations nécessaires ont été données déjà pour les approvisionnements de matériaux et pour les machines-outils nécessaires pour la production de Concorde. Un total d’environ 3,5 millions de Livres a déjà été alloué dans ce but. En ce qui concerne le développement de l’appareil, nous dépensons actuellement près de 4 millions de Livres (56 millions de F) par mois et le programme est exécuté conformément aux délais. A l’heure actuelle, le Gouvernement a dépensé quelque 80 millions de Livres (1.120 millions de F) et une somme identique a été également dépensée par nos partenaires français. Il ne vous échappera pas qu’en raison de l’importance des sommes en question, le Ministre de la Technologie et moi-même suivons ce projet avec in intérêt personnel tout particulier.
Mr. Stonehouse évoque ensuite la récente visite à Bristol de M. Chamant, Ministre des Transports, pour illustrer la coopération étroite entre les autorités compétentes britanniques et françaises et conclu : L’intérêt que les compagnies aériennes manifestent pour Concorde et le fait qu’elles coopèrent étroitement avec le Ministère pour la solution de problème tels que l’aménagement du poste de pilotage, démontre qu’elles attendes avec confiance la sortie de Concorde plusieurs années avant celle de l’avion supersonique américain.

Toulouse-Blagnac : travaux d’infrastructure pour le « Concorde”

La piste de béton, longue de 3500 mètres et large de 45 mètres, destinée aux essais de l’avion de transport supersonique franco-britannique ”Concorde », et pour l’exécution de laquelle un crédit de 34 millions de francs avait été ouvert sur le budget de 1967, la réalisation de la piste proprement dite, d’une aire de point fixe et de réglage des installations ILS. La nouvelle piste est sensiblement parallèle à la piste de 3000 mètres actuellement en service (orientée 149° – 329°), au sud de celle-ci et décalée d’environ 700 mètres par rapport à celle-ci. Elle comporte un système de balisage à feux encastrés identique à celui qui équipe la piste IV de l’aéroport d’Orly, avec certaines améliorations.
Des trois solutions initialement envisagées par le Service Technique des Bases Aériennes – utilisation de la piste actuelle avec certains aménagements qui auraient eu entre autres pour effet de perturber le trafic aérien, construction d’une nouvelle piste hors de l’emprise actuelle de l’aéroport, construction d’une nouvelle piste dans les limites actuelles de l’aéroport – c’est finalement la dernière qui a été retenue ; les travaux, commencés en 1966, auront duré plus d’un an.

Une barrière d’arrêt pour les avions commerciaux

Cette nouvelle piste comportera, à son extrémité nord-ouest, une barrière d’arrêt équipée d’un filet Aérazur/Nylfrance, pour la mise au point de laquelle des essais doivent se dérouler incessamment, à la demande et aux frais de la Direction des Bases Aériennes, sur le terrain d’essais de la FAA à Georgetown (Etats-Unis). Pour la circonstance, en effet, la FAA met à la disposition du constructeur la catapulte géante réalisée pour l’étude de ces problèmes et qui permet de lancer une masse de 150 tonnes à la vitesse d’environ 150 noeuds (275 km/h), la barrière devant stopper cette masse sur quelque 200 mètres. Les derniers essais de ce genre avaient eu lieu en France, en 1965, au moyen de deux locomotives en tandem lancées sur un tronçon de voie ferrée entre Limours et Dourdan. Aux Etats-Unis, la mise en oeuvre de la catapulte et du moyen de freinage est assurée par la société All American Engineering.

Un silencieux pour l’aire de point fixe du « Concorde”

C’est la société A. Bouët et Cie, dont les bureaux et les ateliers sont situés à Ascq, dans le Nord que Sud Aviation a confié le soin de réaliser à Blagnac, le système de silencieux qui permettra d’effectuer sur l’aire de point fixe les différentes mises au point des organes moteurs du Concorde. Pour expérimenter ce dispositif dont la longueur totale est de 47 mètres et qui doit pouvoir atténuer le bruit de refoulement de quatre réacteurs fonctionnant à plein régime sec ou de deux avec la postcombustion et les deux autres au ralenti, le constructeur a installé à Lille-Lesquin une station expérimentale équipée d’un réacteur Atar 9K.