Retour sur le premier vol du 2 mars et son équipage des Essais en Vol !

Né le 23 octobre 1921 à Marseille, marié et père de trois enfants, André Turcat hérita du nom d’un constructeur automobile. Son père, en effet, produisit des voitures ”Turcat-Méry ».
Ancien élève de l’Ecole Polytechnique qu’il quitta en 1942, il commença son école de pilotage en septembre 1945. En juin 1947, il était breveté navigateur et, en juillet de la même année, il recevait ses ailes de pilote. Ses trois premières années de pilote, il les passa au GMMTA, plus tard devenu le COTAM, soit dans les transports militaires, puis aux groupes « Touraine” et ”Anjou », volant le plus souvent sur « Dakota”. Il fut notamment chef d’opérations en Indochine.
En décembre 1950, il était affecté au Centre d’Essais en Vol, dont il prit la direction de l’Ecole du Personnel Navigant d’Essais.

Turcat entrait à la SFECMAS, société issue de l’ancien Arsenal de l’Aéronautique et qui devait être absorbée par Nord Aviation.
Là, comme chef-pilote d’essais, il devenait le premier pilote européen à franchir Mach 1 en palier, à bord du monoplace ”Gerfaut I ». La variante du « Gerfaut II”. Il permit à Turcat de s’octroyer plusieurs records mondiaux de vitesse ascensionnelle.
A Washington, en 1959, le célèbre Trophée Harmon était remis à Turcat des mains de M. Richard Nixon, alors vice-président et maintenant Président des Etats-Unis. Trophée et vice-président célébraient de cette manière la contribution d’André Turcat et des ingénieurs de Nord Aviation au progrès de la technique aéronautique. Turcat et le ”Griffon » avaient, en 1958, dépassé Mach 2 à l’aide d’un nouveau moyen de propulsion, le combiné statoréacteur.
En 1962, André Turcat entrait à Sud Aviation. Là, il se signala par la mise au point du système d’atterrissage automatique « Sud-Lear” qu’il se chargea bien vite de montrer aux journalistes à bord d’une ”Caravelle ».

Mais la véritable raison de sa venue à Toulouse était la préparation des vols de Concorde. Après de nombreuses et fastidieuses heures passées au simulateur, la réalité lui fut enfin offerte le 2 mars 1969, ouvrant la voie à d’autres vols dont la succession marquera la mise au point et la confirmation des qualités du premier avion supersonique de transport occidental.
André TURCAT
André Turcat compte près de 5000 heures de vol dont 3000 en essais, soit des heures qui comptent plus que double. Il est Officier de la Légion d’Honneur (1962) et titulaire de la Croix de Guerre TOE, de la Médaille d’Or de l’Aéro-Club de France et de l’Académie des Sports.

Comme Turcat, Jacques Guignard est marié et a trois enfants. Mais est né le 18 juin 1920 à Orléans.
Il était étudiant lorsque la guerre – la dernière – éclata. Il s’engagea dans l’Armée de l’Air. En juin 1940, il rejoignait les Forces Aériennes Françaises Libres en Angleterre et recommençait son entraînement, sous les couleurs de la RAF cette fois. Tout d’abord affecté à un groupe de chasse anglais, il fit partie bientôt premier groupe français constitué, le groupe « Alsace”. A la libération de la France, il comptait trois victoires. Sa quatrième, celle qui devait dicter la suite prestigieuse de sa carrière, fut son admission à l’Empire Test Pilot School, l’équivalent de notre EPNER de Brétigny. Qualité pilote d’essais en Angleterre, il gagna la France où, tout naturellement, il se retrouva au CEV.

Le 1er septembre 1946, il entrait, comme pilote d’essais, au service de la SNCASO qui devait se fondre dans Sud Aviation quelques années plus tard. Là, il participa aux essais de tous les avions de la firme, passant du bimoteur de transport au biréacteur de combat, à travers l’hélicoptère. Citons le ”Languedoc », le « Bretagne”, le SO-93 Corse », le SO-1100 « Ariel”, puis les monoplaces de chasse SO-6000 ”Triton », 6020 Espadon, l’avion embarqué SO-8000 « Narval”, le fameux SO-4050 ”Vautour », les maquettes volantes SOM-1 et SOM-2, etc. Mais c’est à bord du SO-9000 et SO-9050 « Trident” qu’il s’illustra. C’est avion-fusée lui valut la notoriété publique en deux occasions. Tout d’abord, un accident survenu le 1er septembre 1953, et dont il ne survécu que par un miracle de volonté. Ensuite, deux ans plus tard, deux records mondiaux d’altitude et de vitesse ascensionnelle obtenus à bord du même type d’avion.

La SNCASO étant devenue Sud Aviation, Jacques Guignard participa aux essais de la ”Caravelle » et passa ensuite aux essais de « Concorde”. L’adjoint de Turcat compte six mille heures de vol, dont quatre mille en essais. Il est certainement l’un des pilotes d’essais totalisant le plus grand nombre d’heures dans l’exercice de sa profession.
Jacques Guignard est Commandeur de la Légion d’Honneur depuis 1953. Il est également titulaire de la Croix de Guerre avec palmes, de la Médaille des Evadés, de la Médaille de l’Aéronautique et de la Distinguished Flying Cross (DFC) anglaise. Il est encore Officier de la Résistance.

Comme Turcat et Guignard, Michel Rétif est marié et à trois enfants. Il est né le 17 février 1923, à Versailles. Le 8 septembre 1938, il entrait à la SNCASO, à Villacoublay.
Après son service militaire passé en deux stades, huit mois dans les camps de jeunesse et autant dans l’Armée de l’Air après la Libération, Michel Rétif suivi le Service des Essais en Vol de la SNCASO.
Les déplacements successifs qui le conduisirent à Cannes, Châteauroux, Villacoublay, Orléans-Bricy et Melun-Villaroche.
Lassé du sol, il obtenait sa licence de mécanicien navigant en 1947. A ce titre, il participa aux essais en vol des prototypes SO-3OP ”Bretagne », puis des tous premiers prototypes français à réaction, SO-6000 « Triton” et, enfin, des premiers ”Vautour ».

En 1958, il descendait à Toulouse et participait aux essais de mise au point et de certification des différentes versions de la « Caravelle”.
En 1964, il était affecté au programme ”Concorde ».
Titulaire de la Médaille de l’Aéronautique, Michel Rétif compte trois mille cent soixante heures de vol comme mécanicien navigant.

Encore un homme marié, père de trois enfants. Henri Perrier est né le 28 juin 1953, il quitte l’Ecole Nationale Supérieure d’Aéronautique, son diplôme d’ingénieur en poche.
Pilote privé, il entrait à la SNCASO, à titre d’ingénieur stagiaire, le 1er juillet 1953. Il devenait ingénieur ”plein », le 2 novembre de la même année.
En juillet 1954, il était affecté au Service des Essais en Vol de la société, comme ingénieur d’essais non-navigant.
On le retrouve à l’EPNER, d’avril à décembre 1955. Il en sort avec la qualification d’ingénieur d’essais, navigant cette fois.
Toutes les versions du biréacteur « Vautour” reçurent ses soins et sa surveillance critique. Il participa à leur mise au point jusqu’à leur stade opérationnel.

En février 1958, il est attaché à la Direction des Essais en Vol de Sud Aviation à Toulouse. Son nom est donc lié à la mise au point des diverses versions de la « Caravelle”. Dès 1964, il était affecté à la préparation du programme ”Concorde ». Sa tâche, qui vient de connaître ses premières consécrations, n’en est pas terminée pour autant, car ce programme n’aura de fin que lorsque de nombreux « Concorde” sillonneront les lignes commerciales du monde.
Henri Perrier compte deux milles deux cents heures de vol, dont mille six cents en essais.